Avis de CH'TI SUISSE :

Attention cet avis pourrait contenir des spoilers (note : parties pouvant dévoiler l'intrigue du roman). Je vous encourage à ne pas lire ce qui suit "Avis avec indices". Je vous recommande chaudement ce roman aux multiples facettes mélange à la fois exploration spatiale, introspection, destin, destinée, onirisme : assurément un coup de cœur.

C'est une véritable épopée homérique, onirique, humaine et scientifique.
Je suis encore sous le charme de ce roman aux aspects multiples et bien dosés.

Le voyage de Chris Nolan a un côté Hard SF (de la SF portée sur la science) que certains pourraient ne pas aimer, mais je vous incite vivement à continuer la lecture. C'est un moment nécessaire et tellement constitutif de la suite de l'épopée.


Il me parait nécessaire de dire que non le roman ne tourne pas autour d'un seul personnage.

Avis avec indices

Les indices seront les influences multiples inconscientes ou pas de ce roman.
Ce roman rassemble des thématiques que j'ai rencontrées dans quelques œuvres qui font partie de mes romans et films cultes. C'est vous dire si le roman m'a plu.

  • 2001 l'odyssée de l'espace. Il y a quelque de chose de Dave Bowman dans Chris Nolan seul dans son vaisseau. Mais Juliet n'est pas HAL. 
  • Tau Zéro de Poul Anderson : pour le voyage spatial et le temps relatif qui s'écoule.
  • "La machine à explorer le temps" d'H.G. Wells : Chris Nolan voyage 12 ans alors que 700 ans se sont écoulés sur Terre...Que va t'il découvrir en rentrant de son voyage temporel ? Que peut-il faire ? Que reconstruire... Dans le roman d' H.G. Wells, le voyageur apporte le savoir contemporain pour reconstruire une autre société. Ici, sans spoiler, c'est une autre solution plus radicale qui est apportée ici
  • Le fils de L'Homme : par son côté extinction de l'humanité, mais aussi ses instants d'émotion.
  • Ravage de Barjavel : Une épopée humaine incarnée par Chris Nolan. Un amour qui traverse tout. Une humanité qui se reconstruit sur d'autres valeurs.
  • La Belle Verte de Coline Serreau : un autre chemin est clairement possible pour l'humanité.
  • Le Petit Prince : Chris Nolan fait une rencontre magnifique à son retour. Un peu comme le renard... quoi que la rencontre soit largement non verbale (mais qui en dit beaucoup) et dans un sens Chris a aussi sa propre rose...
  • Jules Vernes : un petit côté descriptif qui m'a rappelé 20'000 lieux sous les mers
  • Twilight Zone : je ne saurais dire quel épisode en particulier, mais il y a assurément un air de famille.

J'ignore si ces influences sont chez l'auteur conscientes ou pas, mais qu'il ait réussi à me les inspirer et à les doser aussi bien est, je pense, le signe d'un grand roman.

À ma grande surprise, il n'est pas si long en nombre de pages (environ 270 pages), mais son écriture dense, ses moments si différents vous donneraient presque l'impression d'avoir lu plusieurs tomes d'une épopée sans vous en être aperçu. J'ai connu des romans bien plus longs qui vous font transportent beaucoup moins (dans le temps, l'espace, les atmosphères) !
N'en concluez pas que le rythme est effréné. Au contraire, on sent le temps qui passe, on prend le temps d'admirer le paysage, la nature....

Ce roman m'a transporté bien plus loin que ce que à quoi je m'attendais.

Et il ouvre certaines réflexions...

Ayant juste fini un livre de SF qui parle de la "Culture" société idéale apaisée, mais technique et expansionniste.
Ici l'humanité se rapproche de la nature et se comporte avec un économie et une modestie extrême. Mais peut-on rester sur son îlot sans chercher à explorer, voyager ?
La paix intérieure et communautaire est-elle compatible avec l'expansion, le progrès technique ?
Peut-on redistribuer les cartes des valeurs humaines sans changer complètement le jeu ?

En ayant déjà trop dit, je vous invite à lire ce roman pour y découvrir quelques réponses...

Qualité technique :

Comme à chaque fois c'est un eBook très bien formaté, sans DRM, avec des notes qui possèdent des liens qui marchent (ce n'est vraiment pas le cas chez certains autres éditeurs bien plus "importants").

Bonus :

Moi qui ai voyagé, il y a trop longtemps, en Norvège j'ai aimé redécouvrir ce beau pays.

Chris passe aussi par la Suisse. Il y a même un clin d'oeil au SwissMetro le coquin.

http://travels-notes.blogspot.ch/2014/07/ebook-sf-mitania-de-bernard-afflatet.html

 

Ma réponse :

Bonjour.

Tout d’abord un immense MERCI à toi pour cet avis. Il est utile pour les futurs lecteurs, et très encourageant pour moi.

C’est un vrai bonheur que de trouver un lecteur aussi attentif, et à qui l’on a autant « fait passer le message » du livre.

L’écriture est un long travail. Il est peu récompensé. Des avis (comme le tien), positifs, complets, précis, étayés, redonnent courage et sourire, vraiment.

[Notons qu’il y a également eu une traduction en norvégien (plus exactement en « bokmål », la langue littéraire) qui nous a pris 2 ans de travail, à ma traductrice et moi. Peu de résultats là aussi, car la diffusion reste homéopathique (c’est loin, la Norvège !). Dommage, ce roman est aussi un hymne à ce beau pays. J’aurais tant voulu que les Berguénois me fassent part de leurs impressions également…]

Les divers points de ton avis :

Oui, ne pas se décourager à cause de ce petit côté « technique » des premiers chapitres : il me fallait une « excuse » pour faire revenir un homme sept siècles plus tard ! ;-)

À part « Twilight Zone » dont j’ignore tout, on peut dire que tu as tapé dans le mille ! J'aime ces vieux romans d'aventure à la Jules Vernes, où la préparation est aussi importante que l'action... L’ensemble des œuvres citées (manque tout de même « 1984 » et « La planète des singes » ;-) ) a été fortement apprécié. Pour tout dire, je rêve encore régulièrement d’une scène de « Ravage » !

Ces influences ne sont pas conscientes. Elles font partie de moi désormais. On construit sa personnalité en empruntant des « bouts » par-ci par-là.

Quant à la société que j’ai essayé de mettre en place dans la seconde partie du roman, elle est en effet « partie prenante » du monde et de ses règles. Elle ne cherche pas à s’imposer au monde, plutôt d’être acceptée par lui. L’inverse de la nôtre !

Les créateurs de cet univers Mitaniens ont accepté de changer les règles, de reprendre tout de zéro. Les habitants se contentent du « minimum ». Se sachant faillibles et insatiables, ils ont opté pour la « mesure », pour l’autogestion, l’autocontrôle, une forme d’anarchie, la vraie, celle de la nature : l’ordre moins le pouvoir !

D’où ce voyage, dans le sens total du terme, qui pousse Chris Nolan à accepter, par avance, la dure loi de la Nature, la vérité qui en émane. Et, finalement, l’harmonie dans l’absence de loi autre que la sienne…

En espérant ne pas en avoir trop dit… Je te renouvelle mes remerciements ;-)

Bernard Afflatet